A mon corps défendant

René ODDE

" A mon corps défendant " est une expression ancienne de la langue française dont le sens a évolué au cours des siècles.
Toutefois, cette expression, dans les multiples variations qu’elle a connues, a toujours renvoyé à un désaccord voire à une discorde. Ce désaccord peut se déduire de la séparation, opérée par la religion, entre l’âme et le corps, mais aussi de la division effectuée par la philosophie entre l’esprit et le corps. Cette division entre soma, le corps somatique et la psyché travaille aussi le champ de la science qui les a parfois réconciliés, on a pu alors parler de maladies psychosomatiques. Pourtant, depuis toujours, on sait que le somatique et le psychique sont noués mais aussi qu’ils peuvent se dénouer et de nos jours, la division qui est opérante est celle du sujet à son corps.
Cette nouvelle division se situe entre l’être, le « je suis » du sujet et l’avoir, avoir un corps.
Tout sujet rencontrera des occurrences où il s’agira de faire des choix et le plus souvent ce seront des choix forcés qui s’imposeront « à son corps défendant » et ces choix varieront selon les époques de la vie, selon les différentes structures psychiques et les pathologies qui en découlent.

Je vais essayer de vous fournir quelques repères pour vous guider dans cette aventure vécue par tout sujet dont le corps sera imprimé par le langage. A partir de cette impression, le corps parlera à sa manière, il s’exprimera selon les spécificités du langage du corps qui diffèrent du langage articulé, oral ou écrit, utilisé dans les échanges sociaux. Vous avez remarqué qu’entre le corps et le sujet j’ai glissé le langage et cela, pour la simple raison que le sujet n’a pas un rapport direct, immédiat avec son corps. En effet, le sujet ainsi que son corps sont imprimés par le langage qui fonctionne comme une médiation entre le sujet et son corps.
Cette impression du langage s’effectue bien avant de parler et même bien avant de naitre. L’enfant à venir sera nommé, on lui choisira un prénom, on le situera dans la lignée familiale ou en rupture partielle ou totale avec les ascendants familiaux. Et puis, on parle sans cesse en sa présence, ce qui fait dire à plus d’un que l’enfant est immergé dans un bain de langage. Très tôt, l’enfant sait qu’on parle de lui et qu’il est parfois le centre d’intérêt des personnes qui l’entourent. Et mieux encore, l’enfant fera l’objet d’une supposition : on lui supposera une intentionnalité, celle de vouloir communiquer avec l’entourage. Cette intentionnalité est supposée d’abord par la mère qui porte l’enfant ; durant sa grossesse, elle lui parle et entre en contact avec lui par le toucher. Dès que les mouvements du bébé sont perceptibles, la mère en touchant son ventre sentira son bébé bouger et pourra le déplacer avec sa main, ceci dans un confort pour elle et son bébé. Cette communication par le toucher est associée aux stimulations vocales et le bébé, à partir du 4ème mois, répond par ses mouvements à ce type de stimulation.
C’est sur cette forme de communication que va s’appuyer l’haptonomie qui est une préparation à l’accouchement ainsi qu’une préparation à la parentalité. C’est en convoquant le père à prendre sa place aux côté de la mère et du bébé, dans les premières interactions parents-enfant que s’amorce la construction des relations familiales. Cette méthode met en évidence comment le corps est stimulé tant du côté parent que du côté enfant pour être subordonné à un désir d’insertion dans la communication.

Je viens de parler du corps du côté enfant, cela n’est pas une formulation adaptée car l’enfant n’a pas encore accès à la notion de corps un, à l’unité de son corps propre. Des morceaux de son corps sont associés à des morceaux de corps de la mère ; l’appréhension de son corps s’effectue selon le mode du corps morcelé. Pour donner un exemple, l’une des premières relations qui se met en place, avec l’expérience de l’allaitement, peut servir de support pour constituer une entité corporelle composée d’un sein-bouche. C’est là une configuration que l’on peut envisager mais d’autres configurations sont tout autant possibles.
Pour que l’enfant intègre la notion d’un corps un, il faut attendre la première année, période où la séparation du corps de la mère devient effective. Ce moment a été décrit par Mélanie Klein qui le qualifie de période dépressive pour connoter le vécu de l’enfant qui doit faire face à la perte d’une partie de lui-même qui ne lui appartenait pas. Cette perte va, toutefois, être compensée dans l’opération de rassemblement effectuée par l’expérience du miroir qui va unifier le morcellement du corps en une unité. L’expérience du miroir donne à l’enfant l’image de son propre corps : un corps un, à la place d’un corps morcelé, un corps que l’on peut maitriser grâce à la représentation d’une possible coordination des mouvements qui jusque-là s’effectuait de façon désordonnée et pas contrôlée. Cette maitrise corporelle s’accompagne d’une jubilation qui indique que pour l’enfant cette expérience revêt une importance capitale en tant que c’est la première fois que l’enfant exerce sur lui-même cette maitrise, ce contrôle qui lui confère une puissance jusque-là insoupçonnée.
La phase du miroir vient redoubler notre propos sur un non-rapport du sujet à son corps de façon directe et immédiate. Là, la médiation du sujet à son corps propre s’effectue par l’image, l’image du corps. Et cette image du corps va venir s’associer, à partir des mots posés par la mère ou l’entourage sur cette image, au langage, à la dimension symbolique qui va, par là-même, instaurer la pérennité de l’image. Sans cela, l’enfant qui perçoit son image dans le miroir perd son image quand il se détourne de son reflet. Ce sont les mots posés sur l’image qui vont la symboliser. Je vous rappelle que le symbole, c’est la présence dans l’absence, je peux en nommant une chose, une image ou une personne absente les rendre présentes alors même qu’elles ne sont pas figurées dans le champ visuel. L’acquisition des capacités de symbolisation permettra, par la suite, de ne pas vivre l’absence des personnes proches comme une perte ou un abandon.
L’appropriation du corps par le sujet s’effectue donc par l’image et le langage.
Auparavant, le corps se vivait dans le morcellement mais aussi dans la confusion entre soi et l’autre. Cette confusion caractérise les faits de transitivisme que l’on peut observer chez l’enfant.
C’est par exemple l’enfant qui tombe dans la cour de la crèche et son voisin qui, de le voir tomber, se met à pleurer. Le transitivisme désigne cette dépendance mimétique aux semblables en ce qui concerne les éprouvés corporels. Si on reprend l’exemple donné, on peut également observer que l’enfant qui est tombé peut se relever et ne manifester aucune expression d’un vécu douloureux. Cet enfant ne se situe pas de façon transitive dans la relation aux autres.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce fait : la première est que l’enfant n’a pas encore appris à nommer ses éprouvés corporels, c’est trop tôt, il faut attendre que l’acquisition se fasse.
La deuxième raison indique une pathologie du lien à l’autre.
C’est le cas de l’autisme qui se caractérise par une altération de la communication et des interactions sociales. L’une des conséquences sera que l’image du corps ne sera pas acquise et que l’identification à l’autre ainsi que la communication seront soit inopérantes, soit déficientes en ce qui concerne l’expression du langage corporel (intonations, expression des émotions, imitation de gestes, mimiques faciales…).
L’altération du lien à l’autre peut également se constater d’une manière différente dans la schizophrénie. Je cite souvent cet exemple où lors d’un entretien, je tousse, le patient assis en face de moi s’excuse, j’en suis très surpris. Peu de temps après, je tousse à nouveau, le patient dit à nouveau « excusez-moi », je lui réponds alors « je vous en prie » et en retour il me dit « merci ».
Ce petit dialogue met en évidence que dans la schizophrénie, le transitivisme est à l’oeuvre et que le sujet s’identifie dans la dépendance à ses semblables. Les observations cliniques concernant la schizophrénie montrent que l’impression et l’expression des éprouvés corporels sont activés.
Par contre les expressions des affects de l’un et de l’autre ne sont pas différenciées. Cette confusion des places est nécessaire pour que l’enfant apprenne à exprimer ses éprouvés corporels selon un langage commun avec les personnes avec qui il vit ; pour cela il va imprimer le langage corporel par mimétisme avec les personnes qui lui sont le plus proche.
Dans un deuxième temps il va subjectiviser son image, qui le désigne avec l’accord verbal de ceux qui l’accompagnent dans cette expérience où l’enjeu est la reconnaissance symbolique de son image par lui-même et par les autres. La reconnaissance de son image entrainera l’enfant dans un processus de différenciation entre soi et les autres qui mettra fin au transitivisme qui est le support de la nomination des affects.
Cette reconnaissance de l’image du corps va aussi s’accompagner de l’amour porté à son image, le narcissisme, qui sert de support à la construction du moi. Là encore, tout comme dans le transitivisme, c’est par l’autre que je me saisis moi-même. Dans le mythe tel qu’il est rapporté par Ovide, Narcisse dans un premier temps ne reconnait pas son image. Il va jusqu’à dire à son reflet « sors de là », l’image de soi n’est pas perçue, puis prenant statut d’image elle sera aimée, admirée comme sa propre image. Cet amour de soi qui a pour support l’image du corps va animer la valorisation corporelle qui sera recherchée la vie durant pour se paire à soi-même et aux autres. L’enfant dans l’expérience du miroir va essayer de capter l’autre et plus particulièrement son regard. Il s’agit de capturer le regard pour faire partager la jouissance éprouvée à la vue de l’image du corps idéalisée. Et c’est ce même regard qui sera recherché chez l’autre au cours de manoeuvres de séduction exercées à son endroit.
L’image du corps est aussi une image parlée, symbolisée. Cette symbolisation résulte de l’allégeance faite avec le langage qui détermine le rapport aux autres mais aussi au corps. Le sujet renonce à un rapport immédiat à son être quand il accepte les signifiants qui le désignent et entre ainsi dans le rapport aux autres parlants. Les objets du besoin seront transformés en demandes mais les demandes, la mise en mots, ne peuvent pas articuler de façon équivalente les éprouvés. Il y a un reste à dire, c’est ce manque qui donne naissance au désir qui s’oriente vers la recherche de l’objet manquant mais en tant que c’est un objet perdu, il sera toujours raté, d’où la relance du désir. La jouissance qui se déduit de cette logique est langagière, c’est-à-dire que la jouissance du corps, la jouissance première est abandonnée au profit d’une jouissance qui concerne le corps marqué par le signifiant. Freud nommait cette opération le « refoulement originaire ». Le renoncement à la jouissance du corps maternel s’effectuera à la suite de la prise en compte que le désir maternel est orienté par la Loi symbolique de l’interdit de l’inceste.
L’enfant, dès lors, renoncera à être l’objet du désir de la mère ainsi que d’être le signifiant du désir de la mère, c’est-à-dire le phallus. C’est le chemin parcouru pendant la phase oedipienne qui se solde par la désexualisation des rapports avec le corps maternel.
Ce chemin n’est pas parcouru par les sujets qui se situent dans le champ des psychoses.
En effet, dans les psychoses, la division conscient/inconscient ne s’est pas mise en place, l’inconscient est comme disait Freud « à ciel ouvert ». Cette absence de capacités de refoulement expose le sujet à un possible envahissement du bain langagier dans lequel il est plongé. Dans ce cas, son corps peut être joui par d’autres qui lui sont étrangers : les hallucinations auditives énoncent des paroles qui commentent les pensées, les actes et les affects. Le sujet peut se soumettre à ces autres à son corps défendant, et les éprouvés corporels peuvent être d’une grande intensité allant de la volupté à l’insupportable de la douleur. La relation au corps n’est pas médiatisée par le principe de plaisir qui est un principe homéostatique limitant la jouissance, évitant le trop de plaisir ou le trop de douleur. Par ailleurs l’image du corps est fragile et peut même se déliter. C’est ce qui se passe dans les phénomènes de dépersonnalisation où l’image du corps n’est plus perçue par le sujet.
Dans le syndrome de Cotard, les organes peuvent être disjoints du corps, les sujets disent ne plus avoir de bouche, d’anus, etc. Ce délire de négation d’organes associé au sentiment de ne plus avoir de corps et d’être immortel est prévalent dans ce tableau clinique.
Freud disait que dans la schizophrénie s’exprimait un langage d’organe. Il prenait appui sur un exemple clinique rapporté par Victor Tausk : une jeune femme présentant des hallucinations cénesthésiques sentait ses yeux se retourner dans ses orbites. Le déclenchement des hallucinations est dû à une rupture amoureuse, moment où son fiancé a détourné ses yeux d’elle. L’organe, l’oeil, représente l’attitude du bien aimé qui se détourne d’elle. Une partie du corps représente le ressenti physique de la séparation. La métonymie (la partie pour le tout) en oeuvre dans cette situation traduit par le corps, dans un langage d’organe, la perte de la dimension métaphorique des mots qui sont dès lors utilisés au sens littéral, pris à la lettre.
Je vous ai parlé auparavant des faits de transitivisme où les éprouvés corporels de l’un et de l’autre ne sont pas distingués, on observe aussi cette confusion des éprouvés dans les délires passionnels (persécution, érotomanie, jalousie…). Toutefois, le mécanisme est différent car là ce sont les sentiments de l’un qui sont projetés sur l’autre.
Les différents exemples que je viens de citer mettent en évidence les effets de la jouissance du corps dans les psychoses.
Dans les névroses, cette jouissance n’a pas cours, elle est remplacée par la jouissance langagière. Le corps est frappé par le refoulement et la saisie que l’on peut en avoir c’est dans le sentiment de bien-être que l’on peut ressentir quand on ne le sent plus. Un chirurgien célèbre en son temps, du nom de Leriche, définissait la santé comme étant la vie dans le silence des organes. Ce silence est toutefois déjoué lorsque nous ressentons de la douleur. C’est là une tension corporelle que l’organisme ne parvient pas à évacuer et il faut faire appel, le plus souvent, à une intervention extérieure pour y remédier. En tout cas la douleur nous fait savoir que nous avons un corps.
Par ailleurs, l’éducation participe à cette tentative de réduction au silence des manifestations corporelles, surtout celles qui sont contraires à ce que l’on appelle les bonnes manières, la décence et la pudeur. Cependant, cette maitrise du sujet sur ses besoins et ses désirs rencontre une limite quand le corps exprime des manifestations qui se passent de toute participation subjective. C’est ce qui se passe lorsque le sujet est dominé par ses pulsions qui sont plus fortes que lui. Les pulsions échappent aux mécanismes de défense du sujet (refoulement, dénégation, isolation…). Cette annulation du sujet fait ouverture au champ des perversions. Mais pour l’homme dit normal, ce dont il s’agit c’est de contrôler son corps qui est le support de ses besoins et de ses désirs et plus particulièrement de ses désirs inconscients. Le contrôle des désirs inconscients, là, le bât blesse car l’inconscient échappe au contrôle du sujet : le lapsus, l’acte manqué ainsi que les autres formations de l’inconscient se manifestent à l’insu du sujet qui est surpris de l’irruption du refoulé dans la quotidienneté de la vie consciente.
Une fois refoulé, le corps devient l’organique car le corps se défait du sujet, ce qui fait dire à Charles Melman que l’inconscient c’est l’organique. En effet, c’est l’organique dans lequel ça parle tout seul sans un sujet qui organise ce discours qui s’origine des orifices du corps en tant que ces orifices sont érotisés. Cette érotisation du corps se trouve mobilisée dans la réalisation de la jouissance, même si le sujet maitrise le corps, il lui faut relâcher quelque peu le contrôle pour atteindre ce moment d’évanouissement du sujet dans le déroulement de l’acte sexuel sans quoi la satisfaction ne sera pas atteinte. Il s’agit de trouver une entente entre la maitrise et le corps, entre le sujet et le retour du refoulé des désirs inconscients. Cette entente n’est pas vraiment trouvée dans la névrose hystérique ainsi que dans la névrose obsessionnelle : la première pâtit d’un défaut de maitrise et la seconde d’un excès de maitrise.
Ce défaut de maitrise dans l’hystérie permet de comprendre cette mise en scène du corps qui vient montrer à l’autre, aux autres, ce sur quoi se règle le désir du sujet. On a pu parler d’hystérie de conversion ou bien de complaisance somatique ou encore de prévenance somatique pour souligner que le corps était le théâtre où se joue l’expression des désirs inconscients. Le corps acquiert cette importance car le fantasme de l’hystérique est de s’identifier à l’objet du fantasme de l’autre. L’hystérique peut aller jusqu’à s’anéantir comme sujet dans cette identification totale à l’objet, ce qui n’est pas sans provoquer tôt ou tard une réaction de défense contre l’angoisse d’anéantissement total. C’est par exemple lorsqu’elle se fait voix, elle pourra par défense développer une aphasie. Quand elle capte l’autre par son regard séducteur, elle peut produire des symptômes qui affectent la vision et qui peuvent aller jusqu’à la cécité. Par ailleurs, les symptômes hystériques ont une adresse, un interlocuteur et se distinguent des manifestations psychosomatiques qui sont plutôt l’affaire personnelle des patients et relèvent le plus souvent de la structure obsessionnelle, les patients ne vont pas nécessairement consulter un médecin, ils vivent avec leur maladie.
Dans la névrose obsessionnelle, ce sont les pensées qui sont érotisées et la maitrise de ce qui du corps renvoie au sexuel et parfois même, il s’agit de la maitrise totale du corporel.
C’est ce qui se passe dans les manifestations psychosomatiques où l’écart entre le sujet qui maitrise et le corps a disparu, nous assistons à une communication directe. La recherche de la maitrise totale peut également s’infiltrer dans les pratiques sportives ou artistiques. L’accent porté sur la performance et les techniques peut, dans certains cas, induire un idéal mortifère qui prescrit le contrôle des fonctions biologiques (alimentation, sommeil…). Ce qui s’efface alors, c’est la logique désirante qui inscrit entre le sujet marqué par le signifiant et le corps un écart irréductible. C’est cet écart que l’anorexique tente de supprimer et l’on sait bien que la réussite de cette tentative a partie liée avec la mort physique.
C’est ce même écart qui est aboli dans ce que l’on nomme les nouvelles pathologies qui sévissent depuis quelques décennies. Ces pathologies se déduisent d’une manoeuvre de contournement de l’Interdit qui régit le rapport au symbolique. Ce contournement entraine un défaut d’inscription de la castration symbolique et favorise l’installation des dépendances diverses où ce n’est pas le désir d’un objet manquant qui mène le jeu mais l’obtention d’un objet de la réalité toujours présent. Une addiction telle que la toxicomanie met en évidence ce type de fonctionnement avec cette particularité que le sujet ne jouit pas avec son corps mais de son corps. D’autre part, la survenue possible de la mort est peu masquée.
Les jouissances marquées par des pratiques, le plus souvent excessives, s’insèrent dans un paysage qui les englobe, je veux parler de notre monde contemporain où le rapport du sujet à son corps s’est modifié. Cette modification s’origine du défaut d’inscription de la castration symbolique qui fragilise la construction de l’identité et des identifications. Le recours au corps, de façon réelle, sera un des moyens pour mener à bien cette construction subjective. D’où l’engouement actuel pour les tatouages, les piercings, les scarifications et les pratiques artistiques telles le Body Art. L’image du corps, avec le tatouage par exemple, passe par ce qui est donné à voir dans une dimension érotique de voilement/dévoilement de figures sur la surface du corps. Les inscriptions sur le corps peuvent aussi avoir une valeur subjectivante, c’est le cas d’inscription de dates, d’évènements importants pour un sujet qui renvoient à son histoire personnelle. C’est ainsi que les inscriptions corporelles peuvent être un moyen de déjouer la temporalité qui, de nos jours, est marquée par l’instantané et la diffusion des informations en temps réel.
En tout cas, ces pratiques corporelles nouvelles innovent et se démarquent des activités créatives qui s’originaient dans un écart, celui décrit dans le champ des névroses mais aussi celui qui existe entre les normes sociales et les pathologies hors-normes qui a permis, par exemple, les productions de l’Art Brut. Sommes-nous au début d’une époque où le rapport du sujet à son corps ne se ferait plus à son corps défendant ? Encore un rêve de l’homme ou une réalité en construction ?
Ces questions, je crois, méritent d’être posées.

XXXVI èmes Journées Vidéo-Psy

Nous voilà cette année encore à l'Institut Nazareth, 13 rue de Nazareth en mars 2025. Le rituel printanier se poursuit

Organisées par le C.R.A.P.S

(Dr R.BRES), le groupe Vidéo-psy et le CHU de  Montpellier,

Les journées sont gratuites et ouvertes aux personnels de santé et aux partenaires sociaux sans inscriptions préalables.

 

EN MARGE CITOYENS